Mort de Mohand Hamami, 22/11/2022

Un texte de Jean-Marc Rouillan

(Combattant arabe d’Action Directe recherché par la justice depuis 1983)


Fils d’un combattant algérien assassiné par l’armée lors de la guerre d’indépendance et d’une mère morte de tuberculose dans un camp de concentration français (dit camp de regroupement de la population hostile), il a été recueilli par son oncle à Voiron (Isère).


Jeune ouvrier ajusteur, Mohand a rejoint le MOUVEMENT DES TRAVAILLEURS ARABES (MTA) et milita à Grenoble aux côtés de Boisgonthier (un des rares dirigeants de la GAUCHE PROLETARIENNE ayant refusé la dissolution de l’organisation en 1973).


Dans les années 70, il a participé aux principales mobilisations de la gauche révolutionnaire iséroise avant de faire le choix des armes.
Arrêté et emprisonné à Fresnes, il a été un des piliers du Comité de Lutte des Prisonniers d’Action Directe. A ce titre, il a été aussi un des fondateurs du journal des prisons REBELLES.


Après l’amnistie de 1981, Mohand est un des 16 prisonniers politiques restant en prison. Ils ont été tous libérés dans les semaines suivantes grâce à une mobilisation regroupant une partie de la gauche révolutionnaire.


Dès l’automne 81, Mohand agit à la construction de la « base rouge » de Barbès avec d’autres anciens du MTA et de plus jeunes camarades de l’immigration comme Lahouari « Farid » Benchellal, impliqué comme lui dans le journal SANS FRONTIERE (en décembre 81, Farid a été torturé à mort au commissariat d’Helsinki).


Au cours de ces mois de lutte intense, Nathalie et moi étions très proche de Mohand. Quotidiennement. Sans trêve.


Pour notre organisation, il assurait une partie des contacts avec la résistance palestinienne et arabe. Il travaillait non seulement à la diffusion de la propagande mais aussi il participait aux actions armées.
Ainsi, il fut un membre du commando AD qui attaqua l’annexe du ministère de la Défense israélien à Paris. Pour la cause palestinienne contre l’entité sioniste et le colonialisme, il était volontaire pour toutes les opérations.


Emprisonné à nouveau avec Joelle Aubron, à peine un pied dehors, il nous rejoignit dans la clandestinité.


Le jour même de l’inauguration en grande pompe par les socialos des tristement célèbres Brigades Anticriminalité BAC, celles qui encore aujourd’hui assassinent dans les quartiers populaires, et qui répriment sauvagement les manifestants, il a fait parti du groupe de camarades qui ont anéanti l’une des premières patrouilles. Deux policiers morts et un grièvement blessé. Orphelin des massacres coloniaux français, il ne regretta jamais sa participation à cette action ni son adhésion à la guérilla. Il y a peu, au téléphone, il évoquait « les plus belles années de sa vie ».


Exilé en Algérie, il ne cessa pas le combat pour autant ni pour la cause palestinienne ni pour la gauche révolutionnaire. A Bejaïa, les plus jeunes se souviennent de ce chibani dans les manifestations, jusqu’à ses derniers jours encore où, malade, il portait la banderole du Hirak.
A chaque intervention, Mohand insistait sur cette fidélité aux combats révolutionnaires et anti-impérialistes. Il avait la volonté de transmettre, et avant tout de l’impérieuse nécessité de s’organiser et de lutter.

Honneur à toi Mohand !

Tu es parti sans baisser les yeux, sans repentir, sans dissociation, toujours fier de l’histoire de notre génération militante.
Fier d’avoir été un fedayin. Un guérillero. Un nouveau partisan…
Fier, malgré la défaite (provisoire), au moins de les avoir affrontés pour de vrai.


Toujours persuadé que de nos succès comme de nos défaites naitrons de futurs combats jusqu’à la victoire…


Avant de terminer mon propos, je tiens à remercier l’Algérie de t’avoir offert le droit de poursuivre ton combat politique en te préservant de la vengeance de la bourgeoisie française.


Notre génération a été modelée par le combat des héros du FLN et la lutte du peuple algérien, comme par la lutte du peuple vietnamien et palestinien et de tous ceux et celles qui ont affronté le colonialisme et l’impérialisme avant nous.


Mohand, à cet instant même où la terre de Bejaïa te reçoit, toi qui parlais avec tant d’émotion de Joëlle et des camarades emportés si jeunes dans le feu du combat, saches que l’émotion nous envahit tous et toutes, si forte, si douloureuse… pourtant comme à chaque fois, je dirai ces mots hérités de notre passé de partisans : on ne pleure pas un camarade on poursuit son combat !

RIP MOHAND HAMAMI

Début de la Grève de la Faim de Libre Flot

Ce Dimanche 27 Février, notre ami Libre Flot a décidé d’entammer une grève de la faim alors qu’il est toujours enfermé et à l’isolement dans la prison de Bois d’Arcy (78). Nous retransmettons un communiqué de sa part, à diffuser largement.

POURQUOI JE FAIS LA GRÈVE DE LA FAIM

Cela fait plus de 14 mois que je réfute cette infâmante et diffamatoire accusation d’association de malfaiteurs terroriste.

Cela fait plus de 14 mois que la DGSI m’a expliqué que je n’étais pas arrêté pour ce qu’elle voulait me faire croire, à savoir mon engagement auprès des forces kurdes contre Daech au Rojava.

Cela fait plus de 14 mois que rien ne valide la thèse élaborée de toutes pièces par la DGSI alors même que pendant au moins 10 mois j’ai été suivi, tracé, sous écoute 24 heures sur 24 dans mon véhicule, mon lieu de vie, espionné jusque dans mon lit.

Cela fait plus de 14 mois que je comprends que ce sont mes opinions politiques et ma participation aux forces kurdes des YPG dans la lutte contre Daech qu’on essaie de criminaliser.

Cela fait plus de 14 mois qu’on reproche une association de malfaiteurs à 7 personnes qui ne se connaissent pas toutes les unes les autres.

Cela fait plus de 14 mois à répondre aux questions d’un juge d’instruction utilisant les mêmes techniques tortueuses que la DGSI : la manipulation, la décontextualisation, l’omission et l’invention de propos et de faits afin de tenter d’influencer les réponses.

Cela fait plus de 14 mois que je subis les provocations de ce même juge d’instruction qui, alors que je croupis dans les geôles de la République, se permet de me dire que cette affaire lui fait perdre son temps dans la lutte contre le terrorisme. Pire encore, il se permet la plus inacceptable des insultes en se référant aux barbares de l’État islamique comme étant mes« amis de chez Daech ». Bien que verbal, cela reste un acte inouï de violence. C’est inadmissible que ce juge s’octroie le droit de m’injurier au plus haut point, tente de me salir, et crache ainsi sur la mémoire de mes amis et camarades kurdes, arabes, assyrien.ne.s, turkmènes, arménien.ne.s, turc.que.s et internationaux.les tombé.es dans la lutte contre cette organisation. J’en reste encore aujourd’hui scandalisé.

Cela fait plus de 14 mois d’une instruction partiale où contrairement à son rôle le juge d’instruction instruit uniquement à charge et jamais à décharge. Il ne prend pas en considération ce qui sort du scénario préétabli et ne sert qu’à valider une personnalité factice façonnée de A à Z par la DGSI, qui loin de me représenter ne reflète que les fantasmes paranoïaques de cette police politique. Ainsi, je suis sans cesse présenté comme « leader charismatique » alors même que tout mode de fonctionnement non horizontal est contraire à mes valeurs égalitaires.

Cela fait plus de 14 mois que sans jugement on m’impose la détention dite provisoire que je subis dans les plus terribles conditions possibles : le régime d’isolement (voir les lettres de mars 2021 et juin 2021) considéré comme de la « torture blanche » et un traitement inhumain ou dégradant par plusieurs instances des droits humains.

Cela fait plus de 14 mois que je suis enterré vivant dans une solitude infernale et permanente sans avoir personne à qui parler, à juste pouvoir contempler le délabrement de mes capacités intellectuelles et la dégradation de mon état physique et ce, sans avoir accès à un suivi psychologique.

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Après avoir sous des airs faussement neutres fourni à l’administration pénitentiaire des arguments fallacieux pour s’assurer de mon maintien à l’isolement, le juge d’instruction demande le rejet de ma demande de mise en liberté, tout comme le parquet national antiterroriste. Pour ce faire, ils reprennent presque en copier / coller le rapport de la DGSI du 7 février 2020, base de toute cette affaire dont nous ne savons pas d’où viennent les informations et dont la véracité n’a pas été démontrée. On est en droit de se demander à quoi ont servi les écoutes, les surveillances, les sonorisations et ces deux ans d’enquête judiciaire et d’instruction puisque sont occultés les faits qui démontrent la construction mensongère de la DGSI.

Le parquet national antiterroriste et le juge d’instruction n’ont de cesse d’essayer d’instiller la confusion et de créer l’amalgame avec des terroristes islamistes alors même qu’ils savent pertinemment que j’ai combattu contre l’État islamique, notamment lors de la libération de Raqqa, où avaient été planifiés les attentats du 13 novembre.

Le juge d’instruction prétend craindre que j’informerais des personnes imaginaires de ma situation alors que celle-ci est publique notamment parce que la DGSI ou le PNAT eux-mêmes ont fait fuiter l’information dès le premier jour. Il prétend ainsi empêcher toute pression sur les témoins, les victimes et leurs familles alors même qu’il n’y a ni témoin, ni victime puisqu’il n’y a aucun acte. C’est ubuesque. Est aussi évoquée sa crainte d’une concertation entre coinculpé.es et complices même si toutes et tous les coinculpé.es ont été mis.es en liberté, qu’il n’a plus interrogé personne d’autre que moi depuis octobre 2021, et que j’ai attendu patiemment qu’il ait fini de m’interroger pour déposer cette demande de mise en liberté.

Il aurait pu être comique dans d’autres circonstances de constater l’utilisation à charge de faits anodins comme : jouir de mon droit à circuler librement en France et en Europe, de mon mode de vie, de mes opinions politiques, de mes pratiques sportives, de mes goûts pour le rap engagé ou les musiques kurdes.

Le juge d’instruction s’en prend à ma mère en la désignant comme n’étant pas une garantie valable pour la simple raison qu’elle n’a pas empêché son fils âgé de 33 ans à l’époque de rejoindre les forces kurdes des YPG dans la lutte contre Daech. Encore une fois, c’est ma participation dans ce conflit qu’on criminalise. Il lui reproche également l’utilisation d’applications cryptées (WhatsApp, Signal, Télégram…) comme le font des millions de personnes en France. Enfin, il dénigre tout d’un bloc toutes les autres options de garanties (travail, hébergement…) sans rien avoir à leur reprocher alors même que les personnels du SPIP dont c’est le métier ont rendu un avis favorable.

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Comment alors comprendre qu’après avoir ordonné ces enquêtes de faisabilité signifiant la possibilité de me remettre en liberté avec bracelet électronique, le juge des libertés et de la détention malgré le rendu refuse ensuite de la mettre en place ? Nous sommes nombreux et nombreuses à constater que dans toute cette affaire la « justice » viole ses propres lois et est soumise à l’agenda politique de la DGSI.

J’ai récemment appris de la bouche même du directeur des détentions de la maison d’arrêt des Yvelines (Bois d’Arcy), que je remercie pour sa franchise, que mon placement et mon maintien à l’isolement étaient décidés depuis le premier jour par des personnes très haut placées et que quoi je dise ou que lui-même dise ou fasse, rien n’y ferait, que cela le dépasse, le dossier ne sera même pas lu et je resterai au quartier d’isolement et que de toute façon rien ne pourrait changer avant les élections présidentielles.

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  • Puisque l’on cherche à criminaliser les militants et militantes ayant lutté avec les Kurdes contre Daech,
  • Puisque l’on utilise la détention soi-disant provisoire dans le but de punir des opinions politiques,
  • Puisque cette histoire n’existe qu’à des fins de manipulation politique,
  • Puisqu’aujourd’hui on ne me laisse comme perspective que la lente destruction de mon être,

Je me déclare en grève de la faim depuis le dimanche 27 février 2022 à 18 heures, je ne réclame à l’heure actuelle que ma mise en liberté en attendant de démontrer le côté calomnieux de cette honteuse accusation.

Libre Flot.

Parce que notre ami Libre Flot croupit toujours à l’isolement depuis plus de 14 mois et qu’il a choisi d’engager la riposte par une grêve de la faim, ne le laissons pas seul dans ce sale jeux politique. C’est maintenant qu’il est nécessaire de marquer notre soutien, en diffusant sa parole et par tous les moyens possibles ! 

Nous n’attendrons pas, sans réactions, la fin des élections pour qu’enfin ils le libèrent !


On peut lui écrire via les comités de soutien locaux :

  • Comité812 Toulouse : Itinéraire Bis – 22 rue Périole – 31500 Toulouse ou PumBat, 34 rue Brouardel, 31200 Toulouse
  • Comité812 Rennes : CNT 35 , BP 30423, 35004 RENNES Cedex
  • Comité812 Paris : L.A.P. 393 rue de Vaugirard 75015 PARIS

Pour se tenir informé : https://soutienauxinculpeesdu8decembre.noblogs.org/

Pour joindre ses soutiens et nous tenir informé des initiatives locales: laisseznousdanser[at]riseup[point]net (clé pgp : https://keys.openpgp.org/search?q=3CC551B54D708A5ADD89C43AF499FA4FF85A247B )

Source: https://soutienauxinculpeesdu8decembre.noblogs.org/post/2022/02/27/debut-de-la-greve-de-la-faim-de-libre-flot/

Déclaration du Secours Rouge Montréal à l’occasion du 1er mai, Journée Internationale des Travailleurs et Travailleuses

En ce 1er Mai Journée Internationale de Solidarité avec les Travailleurs et Travailleuses, et au nom du Secours Rouge Montréal, nous voudrions saluer les camarades de l’ATIK de la Confédération des travailleurs de Turquie en Europe.

En ce 1er Mai en confinement, nous tenons, malgré les mesures de confinement ordonnées par l’ensemble des classes dirigeantes dans le monde, à exprimer, sous une forme ou une autre de mobilisation, cette journée internationale pour les travailleurs et des peuples du monde.

Aujourd’hui nous faisons face à une crise sanitaire et politique sans précédent qui montre le vrai visage du capitalisme, un système qui n’a que pour seul objectif de faire du profit. En effet, plus que jamais, la société capitaliste se divise en deux grandes classes diamétralement opposées, celles qui fait des profits et celle qui meurt au travail à cause de la pandémie, notamment tous ceux qui assurent les services dits essentiels, à commencer par le personnel affecté aux soins des malades ainsi que les préposés et commis à l’épicerie, et les autres.

Alors qu’aujourd’hui, au Canada, en ce 1er Mai 2020, comme dans de nombreux pays dans le monde, nous sommes tous et toutes confinéEs, nous devons plus que jamais faire grandir le « camp de la révolution » pour faire face aux enjeux qui s’annoncent. En raison, fort probablement, de l’une des grandes dépressions que le monde n’a jamais connu depuis celle des années 30, la crise systémique du mode de production capitaliste jettera sur le pavé, et au chômage, des millions de travailleurs et travailleuses. Il nous faudra donc accentuer et renforcer l’organisation de nos luttes jusqu’à la victoire finale.

A cette occasion, nous apportons notre soutien à Abdullah Öcalan, Müslüm Elma, Georges Abdallah, Ahmad Sa’adat, Prof Saibaba, Président Gonzalo ainsi qu’à tous les révolutionnaires emprisonnés !

Vive le 1er Mai !

Prolétaires et peuples opprimés de tous les pays, la solidarité est notre arme !

Abattre le capitalisme, construire la solidarité !

Quatre minutes pour comprendre la crise d’Oka de 1990

À l’été 1990, la Sûreté du Québec démantèle une barricade érigée par des Mohawks de Kanesatake dans la pinède d’Oka. C’est le début d’une crise majeure qui durera 78 jours. En quelques minutes de vidéo, retour sur les événements pour mieux comprendre la crise d’Oka.